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Christian Lefevre sculpture
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3 décembre 2012

Psychologie du paysage : questionnement ! Si on

 

 

Psychologie du paysage : questionnement !

 

 

 

Si on part du principe que la perception définit une sensation, je pose ma main près d’une source de chaleur et je ressens le chaud, dans quelle mesure la vue d’une plaine ou d’une montagne peut-elle provoquer chez nous des sentiments précis ? Une psychologie du paysage est-elle possible ? Le plat, l’élevé, le touffus et le vide sont-ils les agents indépendants de la perception ou sont-ils de simples vecteurs de, non seulement nos sensations mais également de nos sentiments ? Le paysage n’est-il pas en train de s’anthropomorphiser, et les caractères humains ne se superposent-ils pas aux caractéristiques naturelles ?

 

Observons les types de paysages, on constate que les vues exotiques, ne sont pas perçues de la même manière qu’un bois ou qu’une prairie proche de notre expérience géographique. L’éloignement, à de rares exceptions, semble créer un facteur d’interprétation supplémentaire. Et ce facteur semble se rapprocher de la littérature. La représentation de palmiers ou de la jungle ne provoque pas les mêmes réactions que l’image d’une prairie. Dans cette lecture rentre une part liée à l’imaginaire, au roman. Involontairement la littérature s’immisce dans la relation à l’œuvre. La distance au sujet nous appelle à privilégier le mystère de la découverte de l’inconnu. En chacun de nous émerge un peu de Segalen. Le palmier n’est plus seulement une architecture de branches et de couleurs, il devient le témoignage d’une altérité mystérieuse. Par contre une plaine dans sa proximité à nos habitudes conserve son évidence, et sa lecture s’effectue apparemment le plus simplement du monde. Pas de rajout littéraire en apparence, et l’objet disparaît sous le traitement et la représentation. La culture officie, mais dans une foret de Corot il y a beaucoup moins de foret que de Corot. Nous regardons la peinture plus que le sujet. Mais peut être est-ce seulement la foret que nous ressentons, un type de foret qui ne se trouve que chez Corot comme certaine chênaie ne se trouve que dans le Périgord. L’artiste deviendrait un territoire. Un territoire virtuel se situant en nous, dans la somme de nos expériences et de notre ressenti. La vision du paysage faisant naître des sensations qui dépendent apparemment plus de notre état d’âme que de l’organisation de l’espace. Si, pour simplifier, la vue ou l’interprétation d’une foret épaisse provoque du malaise ou de la mélancolie, la foret ne porterait-elle pas une charge émotionnelle qui résonnerait en chacun de nous, parce que liée à une expérience collective ? Cette résonance officierait certes de manière différente selon les individus. Ainsi le paysage se superposerait à sa représentation et sa perception se superposerait à notre psychologie pour aboutir au paradoxe qui définirait le paysage comme possédant toute la gamme des sentiments humains, le gai, le triste….

 

A chaque type de paysage correspondrait une psychologie, un peu comme au 19° on classait les physionomies, le lunatique, le sanguin, selon des caractères morphologiques, avec bien entendu toutes les erreurs inhérentes à ce genre d’exercices. Malgré son coté radical et excessif cette vision des choses recèlerait tout de même une part de vérité. Naturellement il n’est pas question d’établir des équivalences absolues entre des types de paysage et des caractères, mais indéniablement la vue d’une colline ou d’une grève va provoquer d’autres réactions que la seule analyse de l’espace et de la forme. Une part de nous va se superposer à l’objet regardé et faire corps avec. Lien culturel, lien émotionnel qui construit un dialogue intérieur, moi et le monde, moi dans le monde.

 

Jusqu’à présent je ne marque pas de réelle différence entre le paysage vécu et sa représentation. Aussi je pense qu’il est possible de regarder l’un et l’autre de manière égale, non pas en les établissant comme équivalence, mais en leur appliquant des dispositifs de lecture sensiblement identiques. Sans effectuer de confusion dans leur analyse, il entre dans leur appréciation des critères identiques comme l’analyse de la forme et la charge évocatrice. Cette capacité d’évoquer autre chose que ce qui est vu tient à la capacité de projeter sur l’extérieur notre ressenti. Ainsi le paysage va acquérir une projection de nos émotions et devenir gai ou grave selon le contexte. Naturellement pas de caractères propres mais une infiltration, une insinuation.

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