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Christian Lefevre sculpture
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6 octobre 2012

Modernité Notre dictionnaire définit la modernité

Modernité

 

 

Notre dictionnaire définit la modernité comme ce qui appartient au temps présent, puis il ajoute qu’elle correspond au goût dominant de notre époque, enfin on trouve le verbe moderniser qui se définit comme rajeunir, organiser selon les besoins contemporains. La modernité ne serait-elle donc que la volonté du plus grand nombre à organiser ses différents rapports au monde dans le but de coller au plus près à ses besoins ? Avec cette manière de voir les choses disparaît la notion de rupture et d’avant garde, l’homme solitaire, en avance sur son temps n’a plus d’existence, plus de héros ni de démiurge. Seule les masses dépoussièrent les structures, et progressent. D’ailleurs la notion de modernité va généralement de pair avec celle de progrès. On observe dons l’apparition d’une modernité à deux étages. La modernité que tous acceptent, l’objet nouveau qui semble porter de nouveaux services, et la modernité qui dérange parce qu’elle véhicule des concepts qui vont à l’encontre de l’opinion la plus commune.

Ainsi on peut être moderne grâce à l’usage d’un certain nombre d’objets techniques et par l’acceptation de modèles sociaux majoritairement représentés. Ce qui se résume à se fondre dans le déroulement du flux historique et à adopter ses comportements convenus. On voit naître ainsi un conservatisme lié au progrès. Il ne faut surtout pas bousculer ce progrès qui se résume à la consommation et à la perpétuation de modèle économique.

Puis il existe une autre modernité qui est basée sur la rupture. Elle est animée par le sens critique. Regarder le monde et ne pas faire confiance uniquement au progrès pour l’organiser. Cet aspect là ne se conforme pas aux critères de la majorité, et l’individu qui choisit cette piste doit peser la valeur des gains par rapport à la réalité des pertes. Prenons comme exemple la phénoménale ouverture que représentent les médias audio visuels et électroniques, le monde à portée de tous et la communication universelle. L’écueil ne se trouve-t-il pas dans le risque de transformer en balise les différents acteurs en leur permettant de communiquer certes, mais pas de dialoguer. Dire sans vouloir de réponse, exister au milieu des autres sans les autres. Quel gain, quelle perte.

Dans ce contexte la modernité doit être un des seuls éléments de la pratique artistique qui finit par disparaître à tout jamais. Revendiquer la modernité revient à vouloir placer son travail sous le signe de l’éphémère. En effet nous ne sommes jamais moderne bien longtemps, soit les signes employés deviennent obsolètes, soit les concepts ont perdu de leur force par une trop grande usure.

Hors l’objet manufacturé qui entre dans la composition d’une œuvre dans le seul but d’affirmer une rupture par rapport à un ordre ou une idéologie dominante en vigueur, risque à cause de sa typologie même de perdre sa pertinence et son actualité plusieurs années plus tard. Nous ne portons pas le même regard sur un brabant et une charrue semi-portée. Le brabant s’est métamorphosé en pièce de musée, en matériau à écomusée, mais certainement pas comme signe d’une agriculture rationalisée. La perte de sens serait totale si l’objet n’avait que cette utilité. Duchamp a bien pris garde de ne choisir que des objets presque intemporels, urinoir, roue de bicyclette, seul l’if peut faire brocante. Mais quand nous passons du quotidien au modernisme l’objet perd très vite sa vocation.

Dans certaines sculpture j’incorpore des objets, pièces d’éclairage, projecteurs de diapositive, moniteurs vidéo, rétroprojecteurs, épiscopes tout un ensemble à la fois basé sur la diffusion de la lumière et sur l’information. Le message devient-il pour cela plus lumineux ? Ainsi l’information met en lumière ce qui restait dans l’ombre. Eclairer c’est donner à voir. Le lien entre le support, moniteur, spot, et l’action, communiquer finit dans la confusion. L’objet prend la place de sa fonction, je ne regarde pas l’image je fixe le projecteur. Mais s’il occupe autant de terrain c’est parce qu’il incarne la modernité. La technologie fascine, elle porte sur ses épaules et l’avenir et le progrès, ainsi que les signes de respectabilité sociale qui l’accompagnent.

Lorsque je dispose dans une installation un objet à contenu technologique, j’effectue un décalage dans la perception, l’incarnation de la modernité, et son apparence démodée, dépassée. L’épiscope est une vieillerie, il ne véhicule certainement pas l’innovation contemporaine mais nous le percevons encore comme un objet technique. Ce décalage produit un espace critique, un élément perturbateur. Notre approche de la modernité et de son impacte sur l’organisation du réel s’en trouve modifié. L’incarnation s’est vidé de sa substance, elle est devenue une coquille vide qui orne les étagères des enfants. Elle a perdu les qualités qui en faisaient une méthode d’investigation pour acquérir les caractéristiques des jouets. Amusons.

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